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INTERVIEW d'Elie Dunoyer

En août 2021, Elie nous a accueilli chaleureusement chez lui, en compagnie de son épouse Odile.

Il nous a offert son témoignage des "tout" débuts de l'UMV et de sa longue "carrière" dans ses rangs. Il nous raconte ce que représentait la musique, comment se déroulait les répétitions, les sorties, les concerts avec de nombreuses anecdotes savoureuses ! Nous le remercions  très chaleureusement d'avoir partagé avec nous ces souvenirs précieux.
Veigy, 24 août 2021

Elie est né en 1932 à Veigy et a toujours vécu à Veigy, il a été musicien à l'UMV pendant 66 ans. et a répondu à toutes nos questions.

Découvrez ci-dessous au travers de son témoignage l'histoire de l'UMV.

Elie, toi qui étais là à la création de l’UMV, peux-tu nous dire comment ça s’est passé ?
La fondation de la première musique à Veigy date de 1881.
Mon grand-père qui était né en 1864, avait 17 ans et faisait partie des premiers musiciens. Il jouait du cornet à pistons. Il est mort quand j’avais 4 ans en 1937. Je ne l’ai pas bien connu mais je sais qu’il jouait du cornet et mon père jouait du saxophone avant que j’arrive. Le curé Chevrier avait fondé le foyer St Georges en 1920 après la guerre.
Puis il y a eu le père Grillon de Douvaine qui était un très bon saxophoniste, ensuite Lucien Falquet, organiste à l’église et directeur de la musique puis Joseph Lanovaz.
Quand je suis rentré c’était Joseph Lanovaz qui dirigeait, il avait 20 ans et moi 14 ans. C’était juste après la guerre. Guy Desthomas a repris en 1984-1985.
 
L’autre musique, c’était la municipale, ils étaient un peu moins nombreux.
 
Il y avait deux musiques pour 800 habitants.
 
Ça périclitait un peu des deux côtés, il y avait des tiraillements.
Ce sont les jeunes qui ont voulu faire l’union. Les anciens se sont rassemblés et ont été d’accord.
 
En 1966, on a commencé à se rencontrer, St Georges et Municipale, en faisant un festival à Saint Gingolf en 1966. Ensuite, on a fait le festival à Veigy en 1967 pour marquer l’Union, et en 1968 on a établi les statuts et signé l’Union.
 
C’est moi qui avait dit « on pourrait appeler ça l’Union Musicale », j’ai eu l’idée et elle a été acceptée.
Maurice Détruche était président et Joseph Lanovaz était notre chef. On a eu un bon Président et un bon Chef qui nous a bien fait progresser car ce qu’on avait appris ce n’était pas grand-chose.
 
Au moment de l’union, nous avons eu des costumes. Veste bleu marine, pantalon gris et casquettes. Avant l’harmonie St Georges avait juste des casquettes et la municipale n’avait rien.
 
Est-ce que tous les musiciens ont suivi à la fusion en 1968 ?
Très peu n’étaient pas d’accord et quelques-uns ont profité de l’occasion pour arrêter, ils n’étaient pas trop motivés, le niveau avait augmenté mais on s’est quand même retrouvé à 40-45.
 
Comment as-tu rejoint l’Harmonie ?
A l’âge de 13 ans, l’hiver 1945-46, on allait au foyer Saint-Georges. Les jeunes comme Joseph Lanovaz, Pierre Falquet nous donnaient des cours de solfège et on nous donnait tout de suite des instruments. Moi, on m’a donné un bugle.
A 14 ans on était sur les rangs, on savait tout juste les gammes chromatiques et encore.
On a assisté au premier festival après la guerre en 1946 à Bons en Chablais qui avait invité l’harmonie genevoise de la Sirène.
Je me revois toujours défiler avec mon bignou et un carton en jouant des marches « papoum papoum », il fallait « planter les clous » comme on dit.
 
Quelles étaient les conditions pour rejoindre les rangs ?
Il n’y avait pas de conditions. Après 6 mois, un hiver de cours on rejoignait les rangs.
A l’harmonie Saint Georges on était 35, 40.
 
Comment se passait le choix de l’instrument ?
C’était selon l’instrument qui était disponible. Pas vraiment de conditions.
 
Est-ce que c’était difficile de recruter des musiciens ?
A l’époque il n’y avait pas d’autres distractions. On payait une cotisation toutes les années pour faire partie de la musique. Ce n’était pas cher. Il y avait des cartes pour les membres honoraires qui voulaient nous soutenir. L’amicale. On passait dans les maisons pour vendre les cartes. Nous aussi musiciens on payait.
Les gens voulaient rentrer à la musique, il n’y avait que ça comme activité pour sortir de la maison.
 
Les cotisations, à quoi servaient-elles, acheter les instruments?
Au début, on avait des instruments récupérés. J’ai entendu dire que le père curé Chevrier était allé jusqu’à Samoëns pour récupérer des instruments, aussi à Genève, il connaissait beaucoup de monde. Il était formidable. C’est lui qui avait monté la musique.
Après la musique achetait les instruments et les confiait aux musiciens qui les rendaient quand ils partaient. Puis les musiciens ont commencé à acheter leurs instruments
 
Comment se passaient les répétitions ?
A l’époque Il y avait toujours une mi-temps, au bout d’un moment les musiciens avaient soifs, on faisait une pause et puis on recommençait plus ou moins… ça dépendait des soirs et selon la durée de la mi-temps. 😊
 
Où avaient lieu les répétitions ?
Les premières répétitions étaient au foyer Saint-Georges sur la scène, puis dans la salle du fond.
Ensuite, nous répétions à la salle municipale sur la scène dans la maison communale mais c’était trop petit.
Plus tard, la mairie a pu récupérer des classes préfabriquées de Douvaine. Nous étions très contents. Nous avons aménagé les préfabriqués : parois, portes, plomberie.
On était bien dans cette salle, avec 2 salles de solfège.
 
Les musiciens étaient-ils assidus ?
Oui mais il y avait quand même des histoires.
Certains étaient en retard, d’autres s’endormaient, l’instrument tombait par terre et était tout cabossé. Il y avait une sacrée bande et une bonne ambiance. On rigolait bien.
 
De temps en temps Joseph s’énervait un petit peu parce qu’on jouait quand même des choses difficiles. On avait quand même des renforts de Thonon de l’orchestre la Chablaisienne
2 clarinettes, c’était de bons musiciens.
C’est Joseph qui les emmenait à Veigy pour renforcer les rangs. Ça a duré longtemps.
 
Combien de concerts donniez-vous par an ?
Le concert de la sainte Cécile
La vogue : le concert de la Saint-Georges le samedi et la municipale le dimanche
On allait toujours les écouter parce que les copains jouaient
On faisait un concert pour la kermesse au foyer Saint-Georges
On jouait avant les pièces de théâtre, il y a longtemps
A l’époque le foyer Saint-Georges s’appelait le patronage
On faisait des sorties aussi
 
Le public était composé d’habitués.
Quand on a commencé, il n’y avait pas la scène au foyer St Georges. Après on l’a construite. C’était petit, c’était une ancienne fruitière.
On a fait les travaux nous-mêmes.
Les kermesses, les concerts, il fallait tout monter avec ce qu’on récupérait ou ce que l’on nous prêtait. Ce n’était pas facile, maintenant tout est monté, on a de belles salles.
 
Quel était le répertoire ?
Des reprises d’opéra, opérettes, des marches, des valses et des morceaux composés pour harmonie
 
Qu’est ce qui t’a le plus plu à l’harmonie pour que tu restes aussi longtemps - 66 ans
Pour la bonne raison, que mes 3 frères sont passés à l’harmonie. Et j’étais motivé par le groupe. Pour l’ambiance, les copains.
 
Que dirais-tu aux jeunes pour les motiver ?
De persévérer, il faut y aller pour ne pas que ça s’arrête, et pour faire de la bonne musique.
C’est convivial !
 
Peut-on dire que la musique a été importante pour toi ?
Oui on peut dire qu’elle m’a permis de bien vieillir.

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